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«Chanson bretonne suivi de l’enfant et la guerre » de J.M.G. Le Clézio

Editions : Gallimard

Sortie : 2020

Pages : 150

Pays : France

Résumé : « À travers ces «chansons» , J.M.G. Le Clézio propose un voyage dans la Bretagne de son enfance, qui se prolonge jusque dans l'arrière-pays niçois. Sans aucune nostalgie, il rend compte de la magie ancienne dont il fut le témoin, en dépit des fracas de la guerre toute proche, par les mots empruntés à la langue bretonne et les motifs d'une nature magnifique. Le texte est bercé par une douceur pastorale qui fait vibrer les images des moissons en été, la chaleur des fêtes au petit village de Sainte-Marine ou la beauté d 'un champ de blé face à l'océan. »

Extrait : « «Pour rien au monde nous n'aurions manqué cette fête de l'été. Parfois les orages d'août y mettaient fin vers le soir. Les champs alentour avaient été fauchés et la chaleur de la paille nous enivrait, nous transportait. Nous courions avec les gosses dans les chaumes piquants, pour faire lever des nuages de moustiques. Les 2 CV des bonnes sœurs roulaient à travers champs. Les groupes d'hommes se réunissaient pour regarder les concours de lutte bretonne, ou les jeux de palets. Il y avait de la musique de fanfare sans haut-parleurs, que perçaient les sons aigres des binious et des bombardes.»

Avis :

Dès la première page, la première ligne, le titre du premier chapitre, je sais que la lecture sera émouvante. « Sainte-Marine », petit village du Finistère Sud où j’ai moi-même passé bon nombre d’étés enfant et adolescente. J’en connais chaque coin et petite rue de traverse. Alors voir ce coin de paradis à travers les yeux et la plume d’un Nobel de Littérature ne pouvait que me toucher profondément. Cinquante ans séparent nos étés respectifs, lui dans les années 50, moi en 2000. Le Clézio décrit le village de son enfance, les jeunes qu’ils retrouvaient tous les étés, la langue bretonne, le bac tiré avec une corde qui rejoignait Bénodet juste en face, la construction du pont de Cornouailles, les familles et les caractères des bretons. Il dit que tout a changé aujourd’hui, j’ai pourtant les mêmes souvenirs d’enfant qu’on retrouve tous les ans, la langue, le bac à moteur maintenant, le magnifique pont qui enjambe l’Odet et se fond dans les couleurs du ciel…et Bénodet est toujours le lieu des touristes chics et branchés.

Je ne serais pas objective je le sais. J’ai adoré me replonger dans la nostalgie de Le Clézio qui est aussi un peu la mienne. Dans le deuxième conte « l’enfant et la guerre », il nous raconte la survie de sa famille en 1940 et le départ de sa mère, son frère et lui pour l’Afrique en 1944. Très personnel, ce récit nous embarque dans la mémoire d’un homme au plus près de son enfance et de ses émotions. Une belle écriture venant couronner le tout, si vous partez en vacances en Bretagne ou sur la côte d’azur, « Chanson bretonne » sera un bon compagnon de voyage.

Conseil de lecture :

À lire sur le banc sous l’énorme arbre qui a poussé dans la pierre, devant la petite chapelle de Sainte Marine, avec un café et le bruit de l’eau qui clapote sur le sable rude en contrebas à quelques mètres de vous.

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